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Précepte 6 : Vous n’avez pas de chef

“Celui qui est vêtu avec le bien d’autrui est en réalité nu.” Adage africain


Avant de démarrer la carrière chercheur permanent, vous venez généralement d’un séjour postdoctoral pendant lequel vous avez été sous la direction d’une personne qui décidait des orientations de vos travaux. Vous aviez des comptes à rendre à cette thèse. Il apparaît donc naturel qu’après votre recrutement comme chercheur permanent au sein d’une équipe que vous soyez tenté de penser que le responsable de votre équipe est votre chef. Ce sentiment est renforcé par le fait que vous avez auparavant effectué des visites au sein de cette équipe, avec pour objectif de plaire aux membres de l’équipe et en particulier le chef d’équipe. Dans certains cas, vous avez eu besoin de ses conseils pour améliorer votre candidature (orientation de votre projet de recherche afin cadrer avec les activités de l’équipe).

Eh bien, sachez qu’une fois recruté comme chercheur permanent, vous n’avez pas de chef au sein du laboratoire. Ni le chef de votre équipe, ni le directeur du laboratoire ne doit vous dicter la conduite à tenir dans vos travaux de recherche. Il arrive très souvent que le chef d’équipe ou même le plus ancien ou gradé de votre équipe se prenne pour votre chef. Faites lui gentillement savoir que tel n’est pas le cas. Vous êtes l’unique maître de vos choix de sujets de recherche, même si ceux-ci ne cadrent pas avec les thématiques de recherche de votre équipe. Le plus important est de produire des résultats importants, voir le Chapitre 3.

Il est très important de faire comprendre cette indépendance aux autres membres de l’équipe, et au delà. Le risque est de n’existe qu’à travers le chef d’équipe. A titre d’exemple, il est arrivé à plusieurs reprises que mes collègues s’adressent à moi à travers mon chef d’équipe. J’ai systématiquement ignorer ce canal de communication en leur indiquant que tout message qui m’est destiné doit m’être transmise directement. Un autre exemple concerne le travail inter-équipes au sein du laboratoire. Ce que j’ai constaté chez d’autres collègues est le fait que la collaboration entre équipes est formellement initiée par les responsables d’équipes, alors que les personnes réellement désireux de collaborer sont des jeunes chercheurs des deux équipes. C’est typiquement ce modèle de fonctionnement qui limite vos champs d’action. Il peut arriver que le chef d’équipe vous dissuade d’initier une collaboration pour des raisons subjectives telles que des querelles personnelles entre les chefs d’équipe. En ce qui me concerne, je n’ai jamais adopté ce mode de fonctionnement. Vous n’avez besoin d’aucune validation de qui que ce soit pour collaborer. Ayez de l’audace. Ceci paraît évident, mais par expérience, ce n’est pas le réflexe de plusieurs chercheurs. N’hésitez pas et foncez.

Le respect de ce précepte ne signifie pas que vous ne devez pas communiquer vos sujets de recherche et collaborations auprès de votre chef d’équipe. En outre, ce précepte ne signifie non plus qu’il faut systématiquement ignorer les avis de vos collègues.